Le
personnage de Cheikh Ahmadou Bamba, dans son statut d''Homme de DIEU,
est doublé du scientifique, du dialecticien, de l'épistémologue, du
philosophe, de l''administrateur ayant un sens civique très élevé, du
jurisconsulte et du savant mystique dans tous les domaines des sciences
islamiques (sciences coraniques, sciences religieuses, sciences
instrumentales, sagesses, histoire religieuse), sciences de la
linguistique arabe dans toutes ses composantes (dialectologie,
étymologie, lexicologie, morphologie, onomastique, philologie,
sémantique, stylistique, toponymie et phonologie). Le Serviteur du
Prophète, Khadimou Rassoul, possède une mission d'éducateur spirituel,
d'intercesseur et de salvateur ici bas et dans l'au-delà. Il est
également un enseignant qui produit les manuels de son école dans
l'essentiel des matières : droit, théologie, mystique, grammaire etc. Il
compte à son actif une production abondante qui donne de la sagesse aux
apprenants et enseigne les mérites et vertus des anciens.
Cheikh
Ahmadou Bamba reçut d'Allah (vers la fin du 19e siècle) la mission de
réhabilitation de l'Islam, non par la prise des armes mais par une
action sur les consciences. Ce pacte que le Cheikh scella avec le
Seigneur (le pacte de Darou Khoudoss) devait se traduire par une somme
d'épreuves, de souffrances et de peines à endurer, comme ce fut le cas
pour les envoyés, les prophètes et les hommes de Dieu avant lui. La
contrepartie de cette Mission devait être la satisfaction de toutes ses
ambitions en grades et en stations spirituelles auprès du Seigneur.
Toutefois, les nombreuses épreuves inhérentes à son destin ne sauraient
cependant atteindre Cheikh Ahmadou Bamba tant qu'il resterait à Touba
qui est sous la protection de la toute-puissance divine. C'est ainsi que
le Cheikh quitta Touba pour se fixer dans le Djolof (province au centre
du Sénégal) à MBacké Baary. C'est non loin de là, à Djéwol (actuelle
région de Louga) que le Cheikh rencontra les adversaires qu'Allah lui
désigna (autorité coloniale française du Sénégal).
Le
samedi 18 Safar 1313, (le 10 août 1895) à 14h, Le Cheikh est arrêté par
un détachement des autorités coloniales françaises. Il est exilé après
un procès inéquitable, tenu dans la salle de délibération du Conseil
Privé, sis dans la Gouvernance de Saint-Louis le 05 septembre 1895. A
l’issue de ce jugement sans appel, le Conseil Privé décida « à
l’unanimité, après avoir entendu les rapports de M. MERLIN et LECLERC,
et fait comparaître Ahmadou Bamba, qu’il y avait lieu de l’exiler au
Gabon ». A quelle fin ? « Jusqu’à ce que » disait-il « l’agitation
causée par ses enseignements soit oubliée au Sénégal » [1]. C’est cette date du 18 Safar que Cheikh Ahmadou Bamba a choisie comme jour d’actions de grâce et de fête[2].
Durant
les années passées au Gabon, puis en Mauritanie de 1903 à 1907, puis
les cinq autres de résidence surveillée à Thieyène dans le Djolof de
1907 à 1912 et durant toutes les années qu'il demeura à Diourbel (de
1912 jusqu''à son rappel à Dieu en 1927), le Cheikh endurait des épreuves de plus en plus vivaces, chaque fois que revenait le jour anniversaire de son pacte avec ALLAH.
C'est
seulement en 1921, lors du séjour de Diourbel, qu'un Jour, alors qu'il
attendait les mêmes épreuves et les mêmes souffrances avec la ferme
intention de les endurer, que notre Seigneur lui prodigua SON ordre, lui
faisant savoir que les épreuves sont désormais terminées. "LA PEINE
EST LEVEE, TOUTE LA MISSION, QUI T'A ETE ASSIGNEE, A ETE REMPLIE. TU AS
OBTENU LE PRIX DE TOUT CE A QUOI TU ASPIRAIS. IL NE RESTE QUE LA
RETRIBUTION ET L'ACTION DE GRACE." Les dons prodigieux que le
Seigneur lui accorda, interpellèrent à son niveau une action de Grâce à
rendre à Allah et aussi à Son Prophète.
Il appela alors ses compagnons, leur fit part de cela et leur dit : "Quant
au Bienfait qu'Allah m'a accordé, ma seule et souveraine gratitude ne
le couvre plus; Je demande à celui qui en a les moyens de s'associer à
moi dans l'action de Grâce que je rends à mon Seigneur [MAGAL].
Il m'a en ce Jour exaucé au point que j'y ai obtenu la totalité des
avantages que je sollicitais auprès de Lui. Chacun selon ses moyens (de
la poule au chameau) est invité à célébrer ce jour chaque fois qu’il en a l’occasion. "
Sur la signification du mot « Magal », Cheikh Saliou Mbacké Ibn Cheikh Ahmadou Bamba, 5ème khalife de Serigne Touba, à l’occasion de son appel du 25 août 1990, nous édifie
clairement. Il affirme en substance que la Fête du sacrifice étant une
Tradition Prophétique, l’appellation "deuxième fête du sacrifice" que
les talibés avaient adopté ressemblerait donc à une innovation blâmable
(« Bidaa »). C’est pourquoi le Cheikh recommanda
de l’appeler "MAGAL" (MAGAL : Terme Wolof qui signifie ici célébrer,
évidemment dans l’exaltation de la Grandeur du SEIGNEUR et l’Election du
Prophète. C’est autrement dit glorifier le SEIGNEUR et Son PROPHETE) ;
Donc que personne ne l’appelle plus "deuxième Fête du Sacrifice" mais uniquement « Magal ».
Au
début, chacun des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba fêtait chez lui ce
jour historique, soit en immolant un mouton ou en préparant des repas
spéciaux. Ce fut ainsi du temps du Cheikh et pendant le règne du premier
Khalif Cheikh Mouhamadou Moustapha Ibn Cheikh Ahmadou Bamba
(1927-1945). Mais le phénomène pris plus d’ampleur depuis que la
communauté mouride commença à se réunir pour célébrer le Magal. C’est
sous le magistère de Cheikh Mouhamadou Fadilou Mbacké Ibn Cheikh Ahmadou Bamba,
deuxième khalife de la confrérie (de 1945 à 1968), qu’a été initiée la
célébration du Grand Magal de Touba telle qu’il est connu aujourd’hui.
Cheikh Fadilou Mbacké demanda aux disciples de se rendre chaque année,
le 18éme jour du mois musulman de Safar, à Touba pour célébrer ce jour
de la « victoire » au lieu de le faire d’une manière séparée.
Ceci poussa les disciples à rivaliser d’ardeur pour répondre aux vœux du
khalife, le chef spirituel de la confrérie. Au fil des ans, le nombre
de pèlerins devint de plus en plus difficile à gérer, nécessitant une
attention particulière des autorités publiques.
Source: Monographie sur l'Impact socio-économique du Grand Magal de Touba au Sénégal, 2011
[1] Sources : rapport du Conseil Privé, août 1895
[2] La famille de Cheikh Ahmadou Bamba, imitant en cela son fils ainé Serigne Mouhamadou Moustapha, célèbre également l’anniversaire de sa disparition (Magal dit de Darou Khoudoss), le vingtième jour du mois lunaire Tamxariit.
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