La célébration annuelle du Grand Magal (hommage en langue wolof) de Touba (200 km centre) ne dure pas plus d’un jour, mais l’évènement polarise des milliers de personnes pendant au moins six jours, ce qui transforme la ville religieuse en métropole ayant un impact socio-économique considérable.
Ce grand pèlerinage marque le départ, en 1895, du fondateur de la confrérie mouride, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké, en exil au Gabon où il resta sept ans. A l’approche de cet événement, tous les chemins mènent à Touba. Gouvernement, entreprises, commerce et même une bonne partie de la diaspora sénégalaise convergent vers la ville religieuse. Au début, chacun des disciples de Cheikh Ahmadou Bamba fêtait chez lui ce jour historique, soit en immolant un mouton ou en préparant des repas spéciaux. Mais le phénomène a commencé à prendre plus d’ampleur depuis que la communauté mouride a commencé à se réunir pour célébrer le Magal. Des sites Internet dédiés au mouridisme renseignent que c’est Mouhamadou Fadilou Mbacké, deuxième khalife de la confrérie (de 1945 à 1968), qui a initié la célébration du Grand Magal de Touba telle qu’il est connu aujourd’hui.
Ces mêmes sources informent que ce fils de Bamba a
demandé aux talibés (disciples) de se rendre chaque année, le 18 mois
du mois musulman de Safar, à Touba pour célébrer ce jour au lieu de le
faire d’une manière séparée. L’événement a ainsi pris de l’ampleur,
amenant les talibés à rivaliser d’ardeur pour répondre aux vœux du
khalife, le chef spirituel de la confrérie. Au fil des ans, le nombre de
pèlerins devient de plus en plus difficile à gérer, nécessitant une
attention particulière des autorités publiques. Le gouvernement, à
travers ses démembrements (ministères et entreprises publiques),
mobilise des moyens importants pour permettre que ce regroupement humain
se déroule dans les conditions minimales d’hygiène et de sécurité. Pour
cette année, des travaux d’infrastructures ont été effectués en
prélude du Magal pour faciliter la circulation des personnes et des
biens. Le gouvernement est suivi dans cette cadence par les grandes
entreprises d’électricité, de téléphonie, de transfert d’argent,
d’agro-alimentaire, des banques, notamment.
Ces dernières sont obligées
de poursuivre la démarche de fidélisation destinée à leur clientèle en
essayant de les accompagner et continuer à leur offrir un service de
qualité. Cette bousculade des entreprises en période de Magal a donné
une idée aux promoteurs locaux. Car en un temps record, les services se
sont développés avec la prolifération de cybercafés, de même que
l’installation de banques et structures de transfert d’argent. Un
responsable de banque établie à Touba, rencontré lors de l’une des
éditions passées, confiait que la semaine de l’événement est la période
qui enregistre le plus de flux en matière de transfert d’argent. Selon
lui, « c’est des sommes importantes que les ressortissants de la zone
qui sont établis à l’extérieur envoient à leur famille pour les
préparatifs de l’événement ». Il a expliqué qu’une partie de l’argent
envoyé est généralement destinée au marabout et le reste devait servir à
acheter des condiments et autres matériels pour l’accueil,
l’hébergement et la restauration des parents et amis accueillis dans la
maison pendant la période du Magal. L’événement draine ainsi une
activité économique considérable, tant au niveau macro que micro.
A
l’image d’une usine de production d’eau traitée et conditionnée dans des
sachets. L’un des gérants de ces entreprises indique que l’approche de l’évènement nécessite un dispositif spécial pour faire face à
l’accroissement des commandes. Il a confié que « le chiffre d’affaire
est presque multiplié par quatre en période de Magal et le volume de
travail doublé ». Le mythique marché Ocass de Touba voit le nombre de
ses cantines et marchandises augmenter en flèche, étendant ses
tentacules jusqu’aux alentours de la Grande moquée de Touba et proposant
des marchandises dont les prix défient toute concurrence. Avec le
Magal, l’activité économique de Dakar prend un répit en faveur de la
ville religieuse qui accueille tous les marchands ambulants, surtout aux
alentours du quartier Touba mosquée, rendez-vous de milliers de
pèlerins qui font des emplettes après avoir visité le mausolée du
fondateur du Mouridisme.
Source: jeuneafrique.com
Source: jeuneafrique.com
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